Forêt profonde

 

 

 

Forêt  inconcevable , audacieuse ,  immense ,

Où  mon  rêve  indécis  m'emporte  et  me  ramène,

Où je trouve souvent au gré de mes errances

Les attraits délicieux d'une marche sereine ;

 

Forêt ,  qui  devenait  au  fil  de  mes  pensées

Un  monde  un  peu  magique  habité  par  les  fées,

Quand  le  soir descendu  sur les vieux  troncs  noueux

Faisait  surgir  lutins et  autres  malicieux ;

 

Forêt ,  refuge  roux  des  torrents  impétueux,

Des  sources  et  des  rocs,  des loups  et  des  lépreux,

Tu  restes  cependant secrète  et  fascinante,

Citadelle  fantasque  des  nuits  scintillantes.

 

Les  racines  moussues  se  tordent  sous  les  feuilles,

Les lumières  jaunies  dansent  dans  les  clairières,

Et  le  vent  qui  frissonne  dans  le  chèvrefeuille

Emplit  les  ombres  vertes  d'un  profond  mystère.

 

Chercheur  d'un  or  plus  fin  que  la  douceur  des  mots,

Le  reflet  égaré  d'un  rayon  solitaire

Vient cueillir ses  fleurs  bleues  dans la  moire  de  l'eau

Où  l'enchanteur envoie  des  baisers  de  lumière.

 

 

Badadou

 

 

 

 

 

 

 

Nuit d'hiver

 

 

Dehors, c'est un long ciel noirci où plus rien ne paraît,
Plus une étoile, plus un souffle, plus une ombre,
Rien qu'un grand vide obscur où se noie mon regret
D'un soleil déchiré par ses traits rouges sombres...

L'hiver absolu, figé, grandit au creux de ce néant,
Dehors... dehors où les secrets de la nuit se murmurent,
Où les traces des loups crissent dans la froidure,
Où les chants des oiseaux se sont tus pour longtemps.

Dehors... Mais que m'importe ? Au bord de mon silence
Une rime fleurit si douce, fragile, presque tremblante,
Et mes mains la recueillent, flamme claire, oscillante,
Comme au matin se boit la rose transparence.

Dehors, la nuit se gèle et les feux sont éteints,
Mais dans mon coeur à moi je cultive un jardin.

 

Badadou

 

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