Nuit

 

La nuit ferme les yeux du lac aux longs mystères,

L’indolente se glisse au creux de la vallée ;

Les noctuelles bleues tournoient dans la tourbière :

Voilà l’heure plaintive aux songes envolés.

 

Immobile et confuse, une lune s’invente

Un rêve de fraîcheur baigné de rayons d’or :

Pudiquement voilée de brume ourlée d’aurore,

Son halo blanc trempé dans les algues dormantes…

 

Le lac est un miroir à peine perceptible,

Un frisson révélé de vague et de murmures,

Une traîne légère, ornant les dentelures

D’un monde évanescent, silencieux, impassible.

 

Quel cerf viendra ce soir troubler ces eaux luisantes,

Quel roi de ces forêts, de ces halliers sauvages ?

Il surgira, furtif, écartant les branchages,

Craintif, pourtant superbe en sa course fuyante.

 

L’apparence est trompeuse et l’ombre mensongère :

On croit se retrouver pour mieux se perdre encore !

La nuit tisse sa toile au milieu des bruyères,

Sous le regard absent de la mariée d’or.

 

 

 

Badadou

 

Aout 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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