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Dans
notre beau pays de France, avez-vous remarqué ? Les murs de nos châteaux, les demeures
de nos ancêtres, les beaux manoirs, les forts et leurs donjons, toutes ces
vieilles pierres qui se réchauffent au soleil de l’été, sont les lettres
d’amour de l’homme à la vie. Ne sont-elles pas notre histoire ?
N’ont-elles pas vu au cours des siècles défiler les fiers chevaliers des
Croisades, empanachés et raides dans leurs armures étincelantes et lourdes,
leurs mantelets de fer et leurs armes tranchantes ? N’ont-elles
pas vu les armées de nos rois se succéder pour construire la France ?
Les soldats, les chevaux, les fugitifs aussi, aux yeux pleins d’épouvante ? A
combien d’atrocités, de carnages et de folie n’ont-elles pas dû
assister ? Mais à
combien de fêtes, aussi, de mariages joyeux tout enrubannés de fleurs, de
feux de joie de la Saint-Jean, de foires paysannes, hautes couleurs et
vives chansons, musiques enjouées, violons et binious, flûtes et
tambourins, danses rythmées de nos jeunesses, les vieilles pierres de nos
villages nous racontent dans un murmure les vies simples de ceux qui nous
ont précédés. J’ai
pour elles une tendresse mêlée de respect, une admiration sans partage, d’avoir
su résister au temps et à la folie des hommes. Elles me touchent
particulièrement dans les voûtes silencieuses de nos églises romanes,
incitant par leurs berceaux harmonieux jouant avec la lumière à la contemplation et à la prière, et les
détails d’une sculpture naïve, une frise grâcieuse ou la marque plus dure d’un
coup de ciseau me les rendent plus proches, plus mystérieuses aussi, et
dans ces heures de silences j’aime écouter l’Histoire me conter ses
légendes. J’imagine les Compagnons, bâtisseurs de cathédrales, se réunir à
la nuitée pour un repas frugal autour du feu commun, j’imagine les grands,
les seigneurs, les maîtres d’œuvres,
les architectes, tous les petits métiers qui gravitent autour du chantier.
Et j’imagine les murs monter dans les longs soirs d’été, ou aux midis
brûlants d’un accablant soleil empoisonné de mouches et de papillons fols… J’imagine
les moines encapuchonnés manier truelles et mortiers pour offrir à la
louange de Dieu ces magnifiques abbayes, véritables joyaux de pierre et de
lumière, et les princes séculaires
offrir à la postérité ces grands palais dont les noms font la gloire
de notre patrimoine : Chambord, Chenonceaux, Amboise, Blois,
Versailles, Chantilly… Vieilles
pierres, vieux châteaux, tout tremblants encore d’une Histoire que vous n’avez
pas toujours comprise, resterez-vous longtemps encore en nos vertes
campagnes pour raconter tous vos secrets à nos petits enfants ? L’Homme
qui vous a si artistement assemblé vous laissera-t-il la chance de votre survie ? Ou bien
sa folie ira-t-elle encore plus loin ? Laissons
vivre les pierres, laissons-les nous chanter les jours anciens…
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Dernière
modification le 21/08/2003
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